Marine 1

Ravi des rimes d’ors brunis au bout du champs où tu poses le pied. Tu essayes le soir. Pour voir si ça te va. Jusqu’où tu peux aller. Ce serait un élan, si tu voulais, le soir. Toujours si court, c’est vrai, et toi toujours si lent. Ton regard ennuyé quand un oiseau augure de ta défroque rouge et s’en va titubant dans son ricanement. Tes deux bras écartés raturent (mais pas toutes) les rimes d’or où tu poses le pied.

Tes deux bras écartés dessinent l’horizon. S’en vienne l’eau ! Et la mer se rapproche. Tu l’imites si bien. Et tu cours au-devant. Elle voit ce que tu fais, te donne son avis. Tu l’appelles par son nom ; dis, tu n’es pas fâchée ? Mais non. Regarde-la. À ta botte et bénigne comme un chat qui a faim. Caresse-la. Pose les doigts sur elle et lui gratte l’échine. Elle va faire le gros dos, tu la chevaucheras. Vous voilà embrassés, vous êtes, toi dans elle et elle autour de toi, des amants en partance. Vous vous roulez sur l’or des champs noyés. Dans la nuit retrouvée, vous chuchotez des riens.  

(Extrait à paraître)